Lolita Chammah sera à la Fnac de Cannes jeudi 16 mai : interview

Le 16 mai, la comédienne Lolita Chammah sera à la Fnac de Cannes, non pas pour parler de cinéma mais pour évoquer  “J’ai regardé la nuit tomber” (éditions Stock), un livre dans lequel elle raconte la tragédie qu’elle a vécue il y a un an et demie. En automne 2022, elle a perdu son bébé douze jours après sa naissance. Grand prématuré, il était né au bout de cinq mois et demie de grossesse. Parce que “le silence c’est la mort”, comme elle l’écrit dans son livre, elle a choisi de raconter ce qu’elle a vécu. Pour elle mais aussi pour les autres femmes, pour son fils aîné Gabriel qui l’a aidée à continuer à vivre. Même si le livre comporte des pages bouleversantes, il est tourné vers la vie, vers la lumière parce que, pour reprendre les mots de Lolita Chammah, il faut suivre le “chemin vers le soleil qui se lève”. Quelques jours avant d’arriver à Cannes, elle nous a accordé un entretien et nous a parlé de cette nécessité de parler et d’écrire. 

France Net Infos :  “Ecrire a été mon refuge”  : c’est une phrase que l’on peut lire dans votre livre “J’ai regardé la nuit tomber”. Vous aviez besoin de raconter la tragédie que vous aviez vécue pour rester en vie….

Lolita Chammah : J’ai eu la sensation que l’écriture était en effet un refuge, un endroit qui pouvait rendre la vie possible et me permettre de reconquérir les choses. Un lieu de protection par rapport à l’insupportable de la situation. Il me fallait mettre des mots sur l’innommable.

France Net Infos : Beaucoup de femmes qui vivent cette tragédie se taisent, ne voulant pas en parler et préférant cacher leur douleur…

Lolita Chammah : Dans notre culture occidentale, il y a une façon de nous empêcher de parler des événements qui sont liés à la féminité et à la maternité. On a pris l’habitude de faire comme si tout ça était normal parce qu’on a toujours été conditionnées à subir. En traversant cette épreuve, je me suis rendue compte que le pire, c’était le silence. Si j’ai écrit ce livre, c’est aussi parce que j’avais la volonté de m’assembler à d’autres, de créer une forme de communion. Dans le livre, j’écris que c’est un peu comme  si on était reliés les uns aux autres comme des étoiles. Dans ce genre d’événements tragiques, j’ai l’impression qu’on est tous liés. Il y a quelque chose de l’ordre du mystique. Beaucoup de gens se reconnaissent pas forcément dans ce que j’ai vécu mais dans des histoires où ils n’ont pas osé dire les choses. Depuis que le livre a été publié, je reçois plein de témoignages.

France Net Infos : En écrivant ce livre, vous avez fait le choix de ne pas respecter l’ordre chronologique. Pendant plusieurs pages, vous racontez les jours passés à l’hôpital avec votre enfant mais vous évoquez aussi des moments heureux de votre enfance. Pourquoi ?

Lolita Chammah : J’ai voulu raconter quelque chose de moi, de mon existence, de façon circulatoire, en évoquant mon enfance mais aussi celle de mon premier fils. C’est une manière de montrer que chacune de nos histoires est composée de plein de choses, de joies mais aussi de tragédies.

France Net Infos : Vous écrivez aussi que vous éprouvez un sentiment de culpabilité. Quand on est confronté à ce genre d’épreuves, on se pose forcément des questions…

Lolita Chammah : C’est un sentiment très fort dont je ne me remettrai jamais. J’ai joué au théâtre jusqu’au bout alors que j’aurais dû m’arrêter. Quand j’étais sur scène, j’avais le trac et j’étais fatiguée. J’ai perdu les eaux le lendemain de la dernière représentation. Je crois aux signes. J’ai l’impression d’avoir trop tiré sur la corde. C’est dur de vivre avec ça.

France Net Infos : Dans le livre, vous exprimez votre reconnaissance envers le corps médical qui a été très bienveillant. Y-a-t-il des médecins qui vous écrit après avoir lu le livre ?

Lolita Chammah : J’ai reçu récemment un message de la directrice fondatrice de SOS Prema. J’ai bien conscience que mon livre va avoir des répercussions. C’est très important pour moi. C’est une forme de reconnaissance :  on a besoin d’être reconnue dans ces douleurs et dans ces drames.

 

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