Le Lac des Cygnes : le chef d’œuvre de Noureev et Tchaikovsky de retour à l’opéra Bastille 40 ans après sa création !

Ballet féerique rythmé par la musique étincelante de Tchaïkovski, Le Lac des cygnes est créé en 1877 pour le Théâtre Bolchoï de Moscou et remonté plus tard par Marius Petipa et Lev Ivanov. Près de cent ans après, Rudolf Noureev donne en 1984 sa propre lecture du ballet à l’Opéra national de Paris brillante production qui fête cette année son quarantième anniversaire.

Copyright Yonathan Kellerman / OnP

Trésor du répertoire classique, « Le Lac des Cygnes » de Tchaïkovski reste le ballet le plus dansé plus d’un siècle après sa création. La rencontre d’un prince rêveur et d’une femme-oiseau continue de fasciner par l’élégance de sa chorégraphie et la poésie de son scénario. Par son relief psychologique saisissant, Rudolf Noureev magnifie l’histoire d’amour entre Siegfried et Odette, le cygne blanc, malmenée par le sorcier Rothbart et Odile, le cygne noir. Conçu par Ezio Frigerio, le décor se présente comme un lieu clos, un espace mental au sein duquel le prince donne libre cours à ses fantasmes.

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Siegfried est un prince rêveur et sentimental. A l’aube de sa majorité, il doit se marier, contraint par sa mère et son précepteur. Alors qu’un bal se prépare en l’honneur des noces, le jeune seigneur lève les yeux au ciel et aperçoit une nuée d’oiseaux blancs. Il décide de les suivre jusqu’au lac des cygnes puis pointe son arbalète sur l’un d’eux. Tout à coup, l’animal se transforme en une jeune femme resplendissante. Siefried tombe aussitôt amoureux d’Odette, princesse victime d’un mauvais sort du diabolique baron Von Rothbart. Elle a été changée en cygne et ce n’est qu’à la nuit tombée, sur les berges du lac enchantée, qu’elle peut redevenir elle-même. Seul un serment d’amour éternel et passionné pourrait conjurer le sort. Or l’amour entre Siegfried et la princesse est réciproque. Le lendemain, lors du bal organisé dans la salle opulente du palais, les prétendantes pressent le pas pour rencontrer le prince Siegfried. Parmi elles s’est glissé le baron Von Rothbart en compagnie de sa fille Odile. Grâce à ses pouvoirs, celle-ci revêt la même apparence que la princesse Odette. Habillée en noir, il s’agit pourtant de son double maléfique. Siegfried, tombé naïvement dans le piège du sorcier, promet devant l’intégralité de la cour qu’il épousera cet alter ego. Lui apparaît alors l’image d’un cygne blanc. Le héros se rend compte de la terrible erreur qu’il vient de commettre. Il court rejoindre Odette sur les bords du lac, mais il est déjà trop tard. La malédiction est irrévocable. Après des étreintes passionnées, Odette et Siegfried préfèrent alors tous deux se donner la mort plutôt que de laisser le mal triompher. Les amants maudits se jettent alors dans le lac.

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De la mythologie grecque ( Zeus, prenant l’apparence d’un signe pour séduire Léda), au romantisme du roi Louis II de Bavière, empruntant à l’univers Wagnérien la symbolique du cygne qu’il exaltera jusqu’à l’obsession, les légendes sur le bel oiseau immaculé, symbole de pureté inaccessible et d’érotisme ambigu, abonde dans le folklore, nordique et celtique, comme dans les contes, russes ou persans.  Créer à Moscou en 1877, dans une chorégraphie de résiner, le lac des cygnes connaît des débuts difficiles. Ce n’est qu’en 1893 qu’Ivan Alexandrovitch Vsevolojski, directeur des théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg, forme le projet de remonter le lac des cygnes avec Marius Petipa et Lev Ivanov. Les deux chorégraphes avaient auparavant créé avec Tchaïkovski, la Belle au bois dormant (1890 ) et Casse noisette (1892) . Le balai remporte un succès immédiat. Par la suite, de nombreux chorégraphes russes, remonteront le balai comme Alexandre Gorski (1901 au théâtre Bolchoï de Moscou, les ballets russes de Diaghilev avec Michel Foknine(1911)  mais aussi Nicolas Sergievev (1934)  et plus récemment, Alexeï Ratmansky (2016) .

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Pour la composition du lac des cygnes, Tchaïkovsky s’inspire de ses prédécesseurs, principalement des musiciens français, qu’il admirait beaucoup de Adolphe Adam pour Gisèle (1841), Léo Delibes pour Coppélia (1870) et Sylvia (1876) et attribue aux personnages principaux des thèmes mélodiques qui reviennent et se développent à chacune de leur apparition. Ballet mythique relatant l’amour impossible entre le prince Siegfried et la mystérieuse princesse Odette, le lac des cygnes a inspiré de nombreux chorégraphes comme John Neumeier et John Cranko, mais aussi plusieurs chorégraphes contemporains tels Mats Ek, Alexander Eckman et Angelin, Preljocaj. Le vocabulaire du mime joue un rôle essentiel dans ce ballet qui reprend des expressions couramment utilisées dans la pantomime pour exprimer la tristesse, les larmes, mais aussi l’amour et le souvenir.

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Pour fêter ce quarantième anniversaire, cette production d’exception réunit sur un même plateau une flopée de pointures parmi lesquelles la délicieuse et nouvelle étoile Bleuenn Battistoni ( nommée le 24 mars 2024 )  dans le rôle de Odette/Odile , en alternance avec Valentine Colasante, Hannah O’Neil et Sae Eun Park ( extraordinaire lors de la générale du 18/06 !), le brillant Paul Marque ( Le Prince Zigfried,) en alternance avec Germain Louvet, Hugo Marchand  et Marc Moreau sans oublier le majestueux Jack Gasztowtt (Rothbart) en alternance avec Pablo Legasa  Florent Melac et Thomas Docquir. Si on ajoute à cela,  le livret de Vladimir Begichev et Vassili Geltser, la poésie des décors d’Ezio Frigerio, les costumes de Franca Squarciapino, les lumières de Vinicio Cheli  la brillante partition de Tchaïkovski et une direction d’orchestre confiée à Vello Pähn, ces quatorze nouvelles représentations raisonnent déjà aux airs de triomphe.

 Jean-Christophe Mary

 

Ballet en quatre actes

Durée : 3h00 avec 1 entracte

D’après Marius Petipa, Lev Ivanov

Rudolf Noureev : Chorégraphie

Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Musique (1840-1893)

Vladimir Begichev :  Livret

Vassili Geltser :  Livret

Vello Pähn : Direction musicale

Ezio Frigerio : Décors

Franca Squarciapino : Costumes

Vinicio Cheli : Lumières

 

20, 22, 25, juin, 04, 06  juillet

Valentine Colasante (Odette / Odile), Marc Moreau (Le Prince Siegfried) et Jack Gasztowtt (Rothbart)

 

21, 28, 30 juin

Sae Eun Park (Odette / Odile), Paul Marque (Le Prince Siegfried) et Pablo Legasa (Rothbart)

 

24 juin, 12 juillet

Héloïse Bourdon (Odette / Odile), Jérémy-Loup Quer (Le Prince Siegfried)  et Thomas Docquir (Rothbart)

 

27 juin, 06, 09, 14  juillet

Hannah O’Neill (Odette / Odile), Germain Louvet (Le Prince Siegfried) et Thomas Docquir (Rothbart)

 

07, 10, 13  juillet

Bleuenn Battistoni ( Odette / Odile), Hugo Marchand (Le Prince Siegfried) et Florent Melac (Rothbart)

 

 

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