Des infanticides inexplicables, des viols collectifs aussi ignobles que cruels, des conflits armés récurrents peuplent le fil des nouvelles qui nous parviennent de différents endroits du globe. Ces innombrables actes de sauvagerie nous interpellent sur notre véritable nature.La violence est elle notre deuxième nature?
Nous nous enorgueillissons d’être le chaînon le plus abouti de l’évolution, la consécration de la victoire de l’intelligence sur l’instinct. Mais nous demeurons rivés à un atavisme destructeur envers nos congénères qui semble sans pareil dans le règne animal.Lesnombreux meurtres qui ont eu lieu dans une société douce et civilisée comme le Québec laissent songeur. Qui sont Magnotta, Turcotte ou Blanchette? Sont ils des désespérés dont les appels au secours n’ont pas été entendus, des cas psychiatriques irresponsables ou des assassins froids et calculateurs? Plus loin de nous, les sept violeurs indiens ont repoussé les limites de l’horreur. L’impunité associée au système inique de castes fait des femmes indiennes les proies de comportements infrahumains.
Historiquement, la violence humaine a été la chose la mieux partagée à travers toutes les contrées. L’histoire est faite d’invasions, de génocides à travers lesquels l’homme a cherché à accaparer des territoires, à imposer sa religion, à maintenir d’autres peuples sous le joug. Fasciné par la force, l’homme consigne dans la mémoire collective les hauts faits d’armes, les guerriers les plus sanguinaires, les plus grands envahisseurs. On se souvient de ceux qui ont fait les guerres, pas de ceux qui ont travaillé à la paix. La force brutale a forgé les mythes éternels : Gengis Khan, Alexandre Le Grand, Tarek Ibn Ziad, Napoléon ont imposé leurs noms au fronton de l’histoire par le sang versé. Robespierre aussi, car même les plus grands desseins sont oblitérés par la violence.
L’homme a aussi la particularité de chercher à faire souffrir cruellement. Les amputations et les lapidations érigées en système de justice divine poussent le sadisme à son paroxysme. Imaginons une seconde le sort d’une femme lapidée pour délit d’amour. Pendant qu’elle reçoit des pierres dont la grosseur est calculée de manière à allonger le supplice, ses assassins sont convaincus de faire œuvre utile, d’obéir à dieu. Dans certains pays africains, des cas de lynchage particulièrement atroce ont été rapportés, consistant à passer un pneu autour de la tête de la victime avant d’y mettre le feu. La souffrance extrême est ici le but. Aucun animal ne cherche à faire souffrir sa proie. Vue de cette façon, l’intelligence humaine ne parait pas une grande avancée comparée à l’instinct animal.
Les animaux semblent paradoxalement plus pacifiques. Il est vrai qu’à nos yeux, le guépard qui tient la gazelle sous ses crocs est un assassin cruel et vil. L’hyène cumule sournoiserie et cruauté. Nous sommes révulsés par les dents meurtrières du crocodile. Mais l’animal tue pour se nourrir, pour défendre son territoire ou pour se reproduire. La violence animale a un but utilitaire et, en définitive, sert la vie.
Mais si l’homme est souvent le tortionnaire de l’homme, il est aussi souvent son bienfaiteur ou même son sauveur. Pensons aux personnels humanitaires qui courent tant de risques pour sauver des vies, aux journalistes qui risquent leurs vies pour informer, aux pompiers qui attaquent le feu avec bravoure. Chaque année, des nageurs en détresse sont sauvés par des anonymes qui n’hésitent pas à se mettre en danger. L’homme est donc capable du pire comme du meilleur envers ses semblables. Viendra-t-il le jour où il n’y aura plus de guerres, plus de meurtres, où l’homme sera enfin en paix avec ses semblables?
Pour cela, il faudra peut-être qu’il arrive à être en paix avec lui même.