Mélanie Page seule en scène dans “Ce qui ne nous tue pas”

Lorsque nous avions rencontré Mélanie Page lors de la conférence de presse de la première édition des Théâtrales d’Eze, elle nous avait confié qu’elle avait très envie de faire un seule-en-scène, qu’elle venait d’adapter pour le théâtre le livre d’un auteur américain et que Nicolas Briançon la dirigerait. Plus d’un an après, nous avons découvert le fruit de son travail au théâtre Anthéa d’Antibes. « Ce qui ne nous tue pas » d’après « What Doesn’t Kill » de James Hindman qu’elle a elle-même adapté est un spectacle formidable, qui nous a touchés en plein cœur.

Les lumières de la salle ne sont pas encore éteintes lorsque Mélanie Page – coiffée d’une perruque rousse et vêtue d’un pull découvrant une épaule et d’un pantalon orange- surprend les spectateurs en descendant les escaliers depuis le haut de la salle. Elle rejoint ensuite le plateau, décoré sobrement d’un fauteuil et d’une petite table où elle a disposé un bol contenant des raisins. Elle en proposera aux spectateurs du premier rang, créant ainsi d’emblée une complicité avec le public, prêt à écouter l’histoire de Stella, cette comédienne quadragénaire passionnée par Mylène Farmer. Elle est dynamique, enjouée, volubile. Pourtant, ce qu’elle nous raconte est loin d’être amusant : elle a fait une crise cardiaque et a frôlé la mort. Ponctué de flashbacks et de digressions où elle revient notamment sur son voyage à Prague avec sa compagne qui deviendra plus tard son épouse, son récit ne cherche pas à susciter la pitié des spectateurs. Il est même une véritable ode à la vie. Avec des détails souvent drôles, Stella raconte son séjour à l’hôpital, depuis son arrivée tonitruante aux urgences jusqu’à son départ. Face au public, elle se livre et panse ses plaies, pour renaître et s’autoriser à s’écouter enfin. Enfant, Stella voulait s’exprimer par l’écriture mais on lui a très tôt fait comprendre que l’orthographe n’était pas son point fort. Pourtant, devenue adulte, elle y pense toujours au point d’hésiter à cliquer sur « entrée » au moment de s’inscrire à des cours d’écriture. Cet acte anodin a-t-il joué un rôle dans sa crise cardiaque ? Peut-être. On ne saura jamais. Mais à l’hôpital, elle repense à son séjour à Prague et à sa visite du camp de Térezin qui l’a profondément marquée. Y sont exposés des milliers de dessins d’enfants. Pour rendre acceptable l’inacceptable, une institutrice déportée dans le camp avait encouragé les enfants à dessiner, recréant ainsi un semblant d’école au milieu de l’horreur.

En voyant évoluer Mélanie Page sur la scène de la salle Pierre Vaneck, on comprend pourquoi ce texte lui tenait tant à cœur. Elle s’en est emparé avec un immense talent. « Ce qui ne nous tue pas » fait partie de ces seul(e)s en scène qui marquent les esprits.

A propos Laurence

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