Les Marchands d’étoiles : un acte de résistance poignant

Juin 1942, intérieur soir, dépôt de tissus : Raymond Martineau fait son habituel inventaire avec son équipe. Sont présents : Yvette, sa femme ; Paulette, sa fille ; et deux employés, le jeune Joseph et son ami Louis. La soirée débute sous les meilleurs hospices. Soudain, des tirs dehors. On cogne à la porte. C’est Marcel, policier de fonction, collabo de circonstance.

Les Marchands d’étoiles ressemble à s’y méprendre à une variation du Repas des Fauves. Sauf qu’ici, il n’est pas question de nous confronter à nos pires instincts de survie, mais de nous faire ressentir cette troublante normalité sous l’occupation. Cette zone grise où tout le monde fait de son mieux pour accepter l’inacceptable. Surtout quand cette nouvelle vie n’est pas vraiment à plaindre comme principal fournisseur de tissu de l’étoile jaune.

Les Marchands d’espoir

Les Marchands d’étoiles est mise en scène comme un long plan-séquence. Julien Alluguette privilégie l’immersion réaliste aux effets démonstratifs. On se prend d’affection pour la gouaille pagnolesque de Guillaume Bouchède. Irrésistible grande gueule humaniste qui s’enrichit sur l’horreur non-dit. On rit de bon coeur de l’ingénu Julien Crampon qui revendique d’être un bon catholique, car il tient plus de son père breton que de sa mère juive. La boulette.

On s’oublie. On accepte la lâcheté assumée d’Anthony Michineau qui, à défaut d’avoir pu embrasser son rêve d’être instituteur, s’accommode d’être un beau parleur avec la Milice. Mieux vaut être dans le camp des gagnants que dans les camps. Tout est gris. Derrière les bons mots, la peur. Une normalité feinte, de plus en plus suspecte pour Nicolas Martinez. Cet ami flic qui vous veut toujours du bien, ou plutôt son bien pour que rien ne change.

Les Marchands d’étoiles sont des salauds qui gardent espoir. Ils serrent les dents devant l’innommable. Ils combattent l’ennemi de l’intérieur pour sauver leurs peaux. C’est pas des héros, mais des résistants du quotidien. C’est juste, d’un réalisme poignant. On finit par pleurer. On veut pas les quitter. Raymond, Yvette, Paulette Martineau ; Joseph et Louis. Une somme d’abnégations qui lutte contre une menace toujours d’actualité. Générique.

Les Marchands d’étoiles
jusqu’au 5 janvier 2025 au Théâtre du Splendid

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